Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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nale de présider elle-même à l'essai de la constitution qu’elle donnait à la France. Le 5 et le 13 fructidor, elle rendit deux décrets par lesquels elle déclarait que deux tiers de ses membres feraient nécessairement partie du nouveau corpslégislatif. Une vive opposition éclata contre ces décrets. La liberté

des opinions n'avait jamais été plus grande qu’à cette époque. On se permit tout contre une assemblée qui, en paraissant abdiquer, retenait en effet le pouvoir : « Quoi! disait-on, une

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tyrannie de trois ans, la tyrannie la plus sanglante qui ait encore effrayé le monde, ne suflit pas à cette assemblée ambitieuse ! Elle est faite pour se soumettre au cours paisible des lois, cette convention qui ne connut que le despotisme et la servitude? Elle veut faire régner la constitution, dit-elle : ah ! quel amour et quel respect pourront lui concilier tant de noms qui ne sont connus que par les larmes des familles? Les lois ne sont honorées que lorsque leurs organes sont purs. Elle n’a su que combattre; saura-t-elle, voudra-t-elle délibérer? Que nous offre-t-elle encore aujourd’hui? un mélange de proscripteurs et de proscrits, qui tour-à-tour ont passé de l’un à l’autre de ces rôles. Ennemis irréconciliables, et pourtant ligués contre tous ceux qui ont le droit de les mépriser et de les haïr, nous serons éternellement les victimes et jamais les arbitres de leurs sanglantes dissentions. Jamais ceux-ci n’auront à rendre compte de leur barbarie, ni jamais ceux-là de Jeur silence. Tant de crimes ont été commis ! puniront-ils les coupables? Mais ceux-ci les dénonceront comme leurs chefs ou leurs complices. Pardonneront-ils? Mais quand la politique et la nécessité demanderaient ce pardon, il sera flétri dans leur bouche; ils paraîtront se l’accorder'à eux-mêmes. La constitution est leur ouvrage ? Soit; mais leur ouvrage le moins chéri. Ce qui leur appartient bien mieux, ce qui se lie à toutes leurs passions , à tous leurs intérêts, à toute leur existence, c’est le code des lais révolutionnaires, de ces lois qui ont survécu au 9 thermidor. C’est avec ces barbares enfans de leur prédilection qu'ils étoufferont une constitution méditée par vingt d’entre eux, et à peine connue de tout le reste. Eh ! qui sait si ce n’est point un vain fantôme offert à notre crédulité? Puisqu’ils voulaient exister avec elle, ils ne l’ont inventée que pour exister encore sous un titre qui cherche à adoucir l'horreur, mais qui ne changera point leurs ames, non plus que nos souvenirs. Avec eux l’effroi de l’Europe dure toujours : avec eux la guerre est donc éternelle! Ils l'ont conduite avec succès. Eh! ce sont ces succès qui poussent leur ambition vers les entreprises les