Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

NATIONALE, nées

» plus chimériques et les plus désastreuses. Malheur à » nous quand il leur arrivera des revers, justes fruits de » leur opiniâtreté cruelle! nous savons sur qui ils vengent » les défaites. »

C'était avec ce degré de passion qu’on exprimait les alarmes sur les décrets des 5 et 13 fructidor. La résistance s’enflam mait par l'espoir mal combiné de la faire réussir sans beaucoup de trouble. En effet, la convention, par une condescendance dont on ne lui savait aucun gré, avait voulu que ses derniers décrets fussent offerts à l'acceptation du peuple, et même séparément de l'acte constitutionnel; ensorte qu’il paraissait très-facile de diviser les vœux, d'accepter l’un et de rejeter les autres. Les assemblées primaires s’ouvraient dans peu de jours, et c'était à ce tribunal qu’on se proposait de juger la convention. Les hommes mêmes qui jusqu'alors avaient vu avec un fatal dédain ces sortes d’assemblées, se proposaient de s’y rendre. On préparait un vain appareil de raisonnemens ou de déclamations. La convention préparait d’autres armes ; elle appelait des troupes auprès de Paris.

La lutte fut engagée par des pétitions présentées au nom de quelques sections de Paris. L'auteur de ce précis, en pronongant une pétition de ce genre, excita un grand tumulte dans l'assemblée. Chénier et Tallien lui répondirent avec beaucoup d’emportement. Les thermidoriens et les girondins s’unirent dans cette occasion avec la même intimité que s’il n’y avait point eu de 31 mai. Ces deux partis tendirent la main à ceux de leurs collégues qu'ils n'avaient cessé de combattre depuis le 9 thermidor, comme s’il n’y avait point eu de 4 prairial. Le faubourg Saint-Antoine, dont ils avaient dompté la rebellion , devint leur espoir.

Mais un appüi plus imposant garantissait déjà leur triomphe. L'armée ne montra que soumission pour un gouvernement qui avait dirigé ou secondé l'impulsion de ses victoires. Avant la convocation des assemblées primaires, différens corps avaient déjà accepté les décrets quiappelaient un débat si sérieux.

Jamais acte ne fut exercé par le peuple déclaré souverain avec plus d’ardeur que cette sorte de jugement sur ane assemblée qui l'avait gouverné avec tant de violence et sous des influences si diverses. Mais c'était dans la capitale sur-tout que se manifestait la haïne la plus vive. La convention n'avait . qu'une tribune pour se venger des outrages qui lui étaient lancés de ces milliers de tribunes nouvelles. Les royalistes paraissaient dans une pleine concorde avec les premiers constitutionnels : ils étaient d’accord sur l’objet de leurs alar-

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