Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

210 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

dant d’avoir tout oublié et d’Avaray qu’elle accablait de bons procédés, aussi affectueuse que par le passé et aussi confiante, fut longtemps sans voir que cette bienveillance jouée cachait des intentions perfides.

S’il faut en croire son récit, Mme de Balbi au par le marquis de Jaucourt, familier des princes, qui passait pour avoir été jadis le premier complice de ses infidélités conjugales et qu’elle avait immolé comme amant tout en le gardant comme ami, pour donner sa place à Monsieur, aurait alors tenté de miner sourdement le favori. Tantôt de près, tantôt de loin, dans ses lettres comme dans ses paroles, elle l’aurait attaqué jusque dans le cœur du maître « avec toutes les armes dont un ascendant aussi long lui avait appris l'usage ». Il eût été perdu sans retour, si l'affection que lui avait vouée Monsieur n’eûüt été assez forte pour résister aux suggestions calomnieuses et pour faire du prince le gardien vigilant, quoique silencieux, de l’honneur et des intérêts de son ami. Mais déjà cette affection élevait devant d'Avaray un mur d’airain contre lequel toutes les flèches de la favorite allaient se briser et la favorite elle-même, le jour où, par ses imprudences et sa conduite