Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

292 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

Durant plusieurs mois, elle garda le silence. Puis, au moment où la mort de Louis XVII faisait passer la couronne sur la tête de Monsieur, elle lui écrivit, ainsi qu’à d’Avaray. Au nouveau roi et comme pour lui prouver qu'en Angleterre le public s'était déclaré pour elle, elle donnait « une longue kyrielle des grands personnages qui, dans l’état de dépérissement où elle se trouvait, ne quittaient plus sa chambre ». Le roi s’amusa de cette lettre vaniteuse et fredonna :

Je faufile avec ducs, Archiducs, Princes, seigneurs, marquis Et tout ce que la Cour compte de plus exquis.

Mais il ne répondit pas. D’Avaray ne suivit pas cet exemple. Devant les impertinences et les railleries dont, au milieu d’amabilités propres à lui rappeler le passé, était émaillée la missive qu'il avait reçue, il n'eut pas le courage du silence. Il répondit :

« J’ai reçu, madame la Comtesse, le billet en date du 18 juin, que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire. J'y ai retrouvé les traces d’une amitié que mon cœur à toujours cherché à cul-