Rapport historique sur les progrès de l'histoire et de la littérature ancienne, depuis 1789 et sur leur état actuel, présenté à Sa Majesté l'Empereur et Roi, en son Conseil d'État, le 20 février 1808, par la classe d'histoire et de littérature ancienne de l'Institut

PHILOSOPHIE. 327

ries philosophiques: la corruption des mœurs, la frivolité des opinions, qui, dès le milieu du XvH11.° siècle, devinrent malheureusement si générales, mirent un grand obstacle aux études sérieuses et profondes ; l'esprit de censure et de critique, le goût des innovations, donnèrent également aux esprits une sorte d'inquiétude trop contraire au calme qu’exige la science de la sagesse. Si Condillac porta dans lanalyse des opérations de l'esprit humain une précision et une netteté qui ont rendu ses ouvrages classiques dans notre langue, si Rousseau opposa sa voix éloquente aux systèmes superficiels de l'épicuréisme, le plus grand nombre des écrivains crurent pouvoir s’attribuer le rang de philosophes sur des titres plus faciles. On transporta le nom de philosophie à une simple tournure de l'esprit, à une manière particulière de voir dans les objets de la politique ou de la littérature. Le scepticisme devint une sorte de mode; mais ce n'étoit pas toujours ce doute éclairé, prudent, méthodique, qui épure sans détruire, qui ne suspend un moment l'assentiment de l'esprit que pour soumettre ses opinions à une sorte d’épreuve et le ramener ensuite avec plus de force à la vérité : c'étoit trop souvent ce doute qui tient plus à l'indifférence qu'à la sagesse, qui est l'effet de la légèreté, de lirréflexion, de X 4