Rapport historique sur les progrès de l'histoire et de la littérature ancienne, depuis 1789 et sur leur état actuel, présenté à Sa Majesté l'Empereur et Roi, en son Conseil d'État, le 20 février 1808, par la classe d'histoire et de littérature ancienne de l'Institut

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la subtilité de l'esprit, ou même d'une raison énervée; ce doute enfin qui ne rend inhabïle à être convaincu que parce qu'iltientà l'incapacité d'examiner.

Lorsque le souffle glacé du scepticisme détruisoit ainsi de toute part les croyances légitimes et naturelles, on vit cependant, par un contraste singulier, certaines doctrines mystérieuses obtenir une faveur subite; le penchant au merveilleux servit, comme une sorte de jeu, d’aliment à {a curiosité publique. Le besoin de croire est une loi de notre nature: et lorsqu'il ne peut s'exercer dans Ia sphère assignée par la raison, il cherche quelque issue extraordinaire. C’est une sorte d'aberration produite par le troubie de nos facultés; c’est la rupture du juste équilibre, de lheureuse harmonie, que Îa sagesse avoit préparés. L'amour immodéré des innovations, devenu général, disposoit aussi à ce genre de crédulité.

La révolution commença : alors commença aussi une longue succession d’espérances, grandes sans doute, mais rapidement déçues, de secousses extraordinaires, d’alarmes, de désastres, deruines universelles. Comment la tranquille et silencieuse méditation eüt-elle pu suivre ses travaux au sein de’ces orages politiques? comment l'étude de la sagesse eüt-elle pu conserver son empire au