Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits
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Tous les autres citoyens, les veuves, les demoiselles et les mineurs furent réputés patriotes. La Commission annonçait, en publiant son décret, qu’elle allait s'occuper des établissements publics, destinés à offrir occupation et salaire aux ouvriers sans travail, et terminait sa proclamation par ces mots: « Il faut que cette mesure soit » secondée par une disposition générale au travail. Une » république bien organisée, ou qui veut l'être, flétrit » la paresse et voue tout oisif volontaire au mépris et » à la proscription. » Il y avait déjà bien loin de là au point où l’on en était deux mois auparavant, car alors au lieu de proscrire l’oisiveté, on l’encourageait en la subventionnant.
Cependant la Commission Nationale entra en fonctions. Cornuaud fut chargé de recevoir les déclarations æt les taxes. Jamais homme n’avait été plus propre que lui à cet emploi; à de grands talents en comptabilité, il joignait une connaissance approfondie de la fortune et des opinions de ses concitoyens, et une froide habileté qui déconcertait les récalcitrants et déjouait avec un rare succès les manœuvres de l'intérêt personnel qu’il avait à combattre. Du reste, Cornuaud était probe et impartial, ce qui lui fit pardonner la part qu'il prenait à l’établissement de la taxe et à sa perception. Malgré son zèle, le travail immense qu'avait entrepris la Commission ne pouvait être terminé le 13 Octobre, jour auquel expiraient ses pouvoirs, confiés seulement pour un mois. La Commission proposa donc aux clubs la création de deux Comités, l’un de liquidation pour terminer l'affaire de la taxe et rendre les comptes, l’autre d'industrie et des arts, pour réaliser les promesses si souvent faites au