Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

rant, sa sanglante session : mais ce n'a été qu'après avoir frappé de jugements divers cinq cent huit prisonniers. Voilà le peuple enfin vengé, lui annonça le Tribunal, en publiant la liste de ses sanglantes opérations. Son compte-rendu débutait par ces mots non moins naïfs que remarquables : Entrés dans une carrière aussi pénible qu'importante, les membres du Tribunal n'ont ew pour base aucune règle quelconque, aucune loi particulière, aucune organisation. I se terminait par ceux-ci, qui ne le sont pas moins : « La patrie veut qu’à cette révolution » toutes les vertus se déploient, et que la moralité règne » dans toutes les actions de la vie des citoyens, tant en » particulier qu'en public; elle veut une régénération » complète... En vain vous aurez comprimé l’abus des » richesses, si vous ne proclamez la justice, la probité et » Ja vertu, non par des paroles, mais par des faits et de ». bons exemples; vous reverriez paraître tôt ou tard les » corrupteurs etles corrompus, etc. etc.! »

Quand l'hypocrisie du patriotisme se réunit à tant de crimes, quelle espérance peut-on concevoir de la possibilité d’un retour à l'humanité et à la justice, chez des hommes qui les invoquent ainsi avec ferveur en les foulant aux pieds? Hélas! le seul et dernier rayon d'espoir pour les infortunés Genevois, c’est que le mémorable exemple de la chute de Robespierre pourra forcer à des réflexions sérieuses, ceux qui avaient aspiré à marcher sur ses traces à Genève, la veille même de sa catastrophe à Paris.

1 Voir la Note F à la fin du volume.