Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits
En Es
rent si souvent la mettre en danger, mais qui, appelés à surveiller les usurpations du Sénat, ne l’étaient pas moins à arrêter le parti populaire dans ses écarts, dont leur magistrature même les rendait responsables, parce qu’elle les créait ses chefs. Il n’y a pas eu une des nombreuses révolutions de Genève qui n’atteste la vérité de cette observation. En effet, si, au milieu des victoires alternatives des partis qui l’agitèrent, les propriétés et les personnes furent religieusement respectées; si l'ordre social n’y fut jamais interverti, ni même suspendu; enfin, si l'esprit publie sy maintint, c’est que ces partis eurent constamment des chefs reconnus, dont l’autorité et la responsabilité duraient autant que le procès politique dont ils avaient été nommés les défenseurs. Si même pendant les six premiers mois qui suivirent la révolution, ou plutôt l'usurpation de 4792, ses chefs, comme on l’a vu, se montrèrent en général modérés, c'est qu'ils étaient encore tout à la fois conducteurs et responsables. Mais lorsqu'à cette époque ceux de leurs subalternes qui n’avaient réussi à se faire introduire ni dans l'Administration, ni dans la Convention, imitèrent, pour s’en dédommager, les Jacobins de Paris, c’est-à-dire lorsqu'ils réunirent leurs clubs égrenés en un Club Central, présidé par un Chef tellement amovible qu'il était hebdomadaire, la République fut bouleversée, et sa destinée tomba sans retour entre les mains d’une populace sans frein, parce qu'elle était sans chefs, ou, ce qui revient au même, parce qu'elle n’eut plus que des chefs passagers, et par conséquent irresponsables.
Cependant les nouveaux administrateurs ne soupçonnèrent l’importance ou les dangers de ce Club Central