Séance de rentrée des cours de la Faculté de théologie protestante de Paris, le samedi 7 novembre 1903
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de Tolstoi? Tout cela était annoncé, réclamé par Edgar Quinet en 1845. Il préparait les esprits à soutenir la lutte contre la réaction ultramontaine qui, commencée en 1841 par la levée de boucliers de cinquante-six évêques contre l'Université, devait aboutir, sous la présidence de Louis-Napoléon Bonaparte, au vote de la loi Falloux (1). Mais c'en était trop pour le gouvernement timoré de Louis-Philippe, M. de Salvandy, alors ministre de l’Instruction publique, intimidé par les clameurs du parti ultramontain,-voulut empêcher le hardi professeur de traiter les questions politico-religieuses, en rayant du titre de la Chaire au Collège le mot « institutions ». Edgar Quinet était trop fier pour consentir à cette mutilation et son cours fut suspendu jusqu’en 1848.
Lorsque la révolution de Février lui eut rendu la parole, il n’en usa que pour prononcerle8 mars 1848, dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, une allocution où il mêlait aux élans d’enthousiasme les conseils d’une sagesse prévoyante (2). Absorbé par ses devoirs de colonel de la onzième légion de la garde nationale et député de l’Ain, il se fit suppléer par M. Dumesnil, gendre de Michelet. Quand le 2 décembre 1851 eut marqué, à la fin, la défaite de la République libérale et le triomphe des idées bonapartistes et cléricales, Quinet préféra l'exil à la reconnaissance du coup d'État. Il fut révoqué par un décret du 14 avril 1852.
Alors Edgar Quinet se rendit à Bruxelles et défendit par la plume les causes qui lui étaient chères. C’est pendant ses années d’exil que parurent, dans l’ordre d'idées qui nous occupe, sa Lettre à Eugène Sue sur la situation morale et religieuse (1856), son étude sur Marnic de Sainte-Aldegonde, avec une introduction sur la Révolution religieuse au x1x° siècle (1857), enfin ses deux volumes sur la Révolution (1865).
Dans sa Lettre à Eugène Sue et dans son introduction à la Vie de Marniæ, Quinet reprenait, en les accentuant, les thèses soutenues dans ses cours au Collèce de France. Il déclarait le catholicisme ultramontain incompatible avec la liberté, et engageait tous ceux qui n’y croyaient plus à adhérer à la philosophie ou à celle des confessions chrétiennes, qui lui paraissait la plus
(1) V.G. Bonet-Maury : Histoire de la Liberté de conscience, p. 182 et sui.
(2) Y. Albert Valès: Notice biographique, en tête des Exirails des Œuvres Edgar Quinet. Paris 1903, p. xvinret xIx.