Séance de rentrée des cours de la Faculté de théologie protestante de Paris, le samedi 7 novembre 1903
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religion nouvelle. En effet, toutes les révolutions, qui ont réussi jusqu’à ce jour, se sont appuyées ou sur la transformation de l’ancienne religion ou sur une religion toute nouvelle.
En troisième lieu, dit-il, la société moderne se fera, comme l'ancienne, à l’image de son Dieu. Donc il faut se garder d’abaisser le niveau moral, croyant par là rendre plus aisé l’avènement de la démocratie. On ferait précisément l’opposé de ce qu'on veut faire. Le genre humain ne consentira pas à déchoir du beau moral qu’il a une fois entrevu. L’avènement de la démocratie ne peut être qu’un nouveau progrès de l'esprit, de la civilisation, de l’ordre universel (1).
Enfin, sous l’infinie diversité des rites et des liturgies, Quinet apercevait l’unilé morale de tousles cultes et leur rapprochement sur un terrain commun. Il écrivait que «tandis que les hommes divisent, Dieu unit» (2), et il aurait voulu réunir dans une alliance féconde tous les croyants sincères, tous les hommes de bonne volonté. « Je vois autour de moi. disait-il, des cultes divers qui tous se font une guerre acharnée, s’excommunient et se répudient mutuellement... Ce que je tente ici, c'est de parler à tous, c’est de remonter à la source de vie qui leur est commune; c’est d’épeler, de parler la langue de cette grande Cité d’alliance qui, malgré la colère de quelques hommes, s'élève et se fortifie chaque jour... Et je sens que, dans cette œuvre, je suis d'accord avec l'esprit des lois, du droit, des institutions de la France et ce sentiment me pousse en avant. En donnant le même droit, la même place dans la cité aux membres partagés de la famille religieuse, la France a montré un sentiment plus religieux, plus chrétien que ceux qui continuaient de maudire; elle est entrée par là plus que personne dans l'idée de l'Église universelle, elle s’est trouvée, peu à peu, plus catholique que Rome » (3).
Magnifique espérance, qui a hanté l'esprit de tous les sages et des pacifiques, depuis un Comenius, un Leïbnitz, un Zinzendorf, jusqu’à un Martin-Paschoud, fondant son Alliance chrétienne
(1) Zbidem, p. 346.
(2) L’Ultramontanisme, p.204.
(3) Voltaire a dit de même. « La religion enseigne la même morale à tous les peuples. Jamais on n'a vu aucune société religieuse, aucun rite, institué en vue d’encourager les hommes aux vices ». Essai sur les Mœurs, tome VI, p. 288/289 de l'édition Baudoin. Paris 1825,