Séance de rentrée des cours de la Faculté de théologie protestante de Paris, le samedi 7 novembre 1903
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« Depuis quatorze ans, écrivait-il en novembre 1865, je vis en face de l'éternelle justice; voilà ce qu’elle a mis sous ma plume » (allusion à son livre, 4 Révolution).
Et à ceux qui, lorsque l'Empire proclama l’amnistie et octroya quelques libertés, le pressaient de rentrer, il répondit qu'il ne rentrerait en France qu’à la chute d’un régime qui était sorti de
la violation du droit. Il ne croyait pas à l'empire libéral, et refusa de bénéficier de l’amnistie et de s'associer aux manifestes de l'Opposition. « Pour rentrer dans la liberté, écrivait-il au comte d'Haussonville, il faut avant tout rentrer dans la vérité, et c’est ce que le gouvernement du 2 décembre n’acceptera à aucun prix. Rien ne sortira de ces horribles noces du césarisme et du libéralisme, qu'une liberté fausse (1). »
« Accoutumé à vivre dans des pays libres, écrivait-il à M. Chadal, il me serait maintenant impossible de respirer dans cette France impériale, où chaque acte de la vie publique et privée est presque aussitôt matière de servitude ». « Vous savez, disait-il au même, que je suis en exil pour rappeler aux Français de ma connaissance qu’il y a eu un 2 Décembre. Ils commencent à s'en souvenir. Le reste viendra, à n’en pas douter (2). »
Quinet tint ferme jusqu’au bout et, comme Victor Hugo, ne voulut jamais pactiser avec celui qu’il considérait comme un usurpateur, ni acheter le bonheur de revoir sa patrie au prix d’une capitulation de conscience.
Son idée fixe, en effet, pendant ces dix-neuf ans d’exil, ce fut de sauver la conscience française qui, au 2 Décembre, avait recu un coup mortel. Il faut citer ici le passage admirable de son discours au Congrès de la paix et de la liberté, à Genève (10 septembre 1868) : « Oui, j'ai vu mourir la conscience humaine, en quelques mois, sous le pied du plus fort. Je l’ai vue se renier, dès qu'elle a été défaite. Pendant seize ans, j'en ai cherché les vestiges, je ne les ai pas trouvés. J’ai appelé, elle ne m'a pas répondu. Et ce n’est pas sur un point seul, dans un pays, dans un état particulier qu’elle s’est livrée, comme une prisonnière de guerre. Non! le mal a été plus grand, l'univers entier a été bien
(1) Lettres d’exl, IV, p. 183. Lettre du 5 février 1870, Comp. Lettre à Duvergier de Hauranne, juillet 1867.
(2) Lettres d’exil, LL, p. 432; IV, p. 42, Lettres du 10 juillet 1868 et 2 janvier 1869,