Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

LE CENTENAIRE DE LA LITTÉRATURE BULGARE

L'Evique SoFRont.

La littérature bulgare a célébré récemment le centième anniversaire de sa renaissance, ou plus exactement de sa création. Au moyen âge, la production intellectuelle avait eu pour organe en Bulgarie la langue de l’église, le slavon. Après la chute de l'empire bulgare et l'établissement de la domination ottomane dans la péninsule balkanique, l’activité du clergé bulgare se trouva paralysée par celle du clergé grec phanariote. J'ai raconté, il y a déjà longtemps, dans un livre malheureusement épuisé et que je n’aurai probablement pas l’occasion de réimprimer, les circonstances dans lesquelles le sentiment national et l’activité littéraire avaient commencé à renaître chez les Bulgares dans la seconde moitié du xvm siècle ; j'ai rendu hommage, notamment, au moine Paisii qui acheva, vers 1762, l'ouvrage intitulé : Histoire slave-bulgare du peuple, des tsars et des saints bulgares, ouvrage qui resta longtemps manuscrit, mais dont de nombreux exemplaires cireulèrent chez les Slaves de la péninsule balkanique et contribuèrent à réveiller chez eux

1. La Bulgarie. Paris, librairie Cerf, 1885. Cet ouvrage contient un chapitre sur la renaissance littéraire des Bulgares et sous ce titre, la Bulgarie sous Pasvan Oglou, la traduction des Mémoires de Sofroni. Cette traduction avait déjà paru dans un volume de Mélanges publiés par l'École des langues orientales à l’occasion du Congrès des orientalistes de Leyde (Paris, Leroux, 1882), publications auxquelles je demande la permission de renvoyer.