Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

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jouissez-vous parce que voici qu'une joie universelle arrive pour toute la Bulgarie; voici que s'approche votre salut et votre libération. Voici que maintenant nous voyons et nous contemplons comment la miséricorde de Dieu s'est occupée de notre pauvre nation, comment Dieu a versé la pitié dans le cœur du pieux et grand empereur Alexandre Pavlovitch, comment il l’a excité à vous sauver des barbares tourments des Turcs. Voici que son armée s'approche de vous sous la croix, — vos frères chrétiens, — afin de vous sauver de tant de misères; voici qu'il vient ce jour lumineux que vous attendiez depuis quatre cents ans.

Ga, bon peuple vaillant, Bulgares, fidèles chrétiens, levez-vous, fortifiez-vous et n'ayez crainte ; attendez avec affection, recevez avec cordialité ces frères chrétiens qui viennent par la volonté de Dieu vous délivrer. Ne craignez rien; c'est une armée chrétienne. Ne fuyez pas devant eux, ne quittez pas vos villes et vos maisons, mais ayez soin de leur préparer des vivres, du blé, de l'orge, du foin, autant que vous pourrez ; offrez-leur l'hospitalité, traitez-les bien suivant votre devoir de chrétiens. Ne les regardez pas comme des étrangers, mais comme des frères de votre foi. Servez-les loyalement avec fidélité et amour : car ils versent leur sang pour la foi chrétienne, pour la patrie, pour la Sainte Eglise de Dieu, pour leurs frères, pour leurs sœurs, afin de les garder et de les préserver pour qu'ils ne tombent pas en servitude, comme vous êtes y tombés par suite de vos discordes et de vos haines réciproques, et c'est pour cela que vous êtes tombés dans une condition aussi misérable. Pour cela, chaque chrétien, si pauvre qu'il soit, doit retirer le pain de ses lèvres et bien traiter les Russes et ne doitpas s'enfuir chez nos ennemis les Tures.

Réfugiez-vous auprès de ces soldats chrétiens, attachez-vous à eux; car ils ne battent ni ne tuent comme les maudits enfants d'Agar (les Turcs). Vous ne subirez de pertes ni dans votre bétail, ni dans vos biens, ni d’affronts sur vos personnes. Ce que vous donnerez d'orge ou de foin ou de bétail, tout sera payé par l’empereur. Il vous protégera et vous défendra.

Ah! chrétiens. Ne savez-vous pas comme ces bourreaux vous ont brûlés avec des fers brülants ; combien de vos enfants ils ont fait rôtir à la broche sous vos yeux; combien de fois ils vous ont pris du bétail et du bien; combien de vos fils et de vos filles ils vous ont enlevés et soustraits à la foi chrétienne? Ne vous martyrisent-ils pas encore aujourd'hui? Eh bien, vos souffrances