Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

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deux titres ne sont pas identiques : Ferdinand est tsar ; Pierre Karageorgevitch est kral et cette dénomination n’est pas d’une moins illustre origine : kral n’est autre qu'une déformation du germanique Karl. C'est le nom de Charlemagne qui comme celui de César, est devenu synonyme de souverain. Au temps où les chefs de la Serbie et de la Bulgarie avaient simplement le titre de prince, ce titre était encore représenté par un vocable germanique : Ânez ou kniaz (le prince), qui dérive du même primitif que l'allemand Kônig (le roi). k

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La Bulgarie, émancipée depuis trente ans, a eu irop de politiciens et pas d'hommes vraiment politiques, et de ces politiciens elle a fait une effroyable consommation. Ils se sont écroulés les uns sur les autres comme des capucins de cartes, et parfois ils se sont assassinés.

« Le peuple bulgare, dit M. Drandar' délivré par les armes russes du joug oppresseur des Ottomans, n'était point préparé pour la vie politique; il est permis de dire aujourd'hui que l'émancipation fit surgir des hommes dont ni l'instruction ni le caractère n'étaient à la hauteur du rôle qui leur échut. Il serait injuste de leur en faire un reproche; après cinq siècles d’esclavage, le peuple bulgare ne pouvait avoir la connaissance et surtout l'expérience nécessaires pour apprécier à sa valeur une liberté politique conquise par le sang d'une armée étrangère; il ne pouvait se trouver prêt à exercer avec le tact, la modération, la souplesse indispensables, ce self-government.

« Il en est des peuples comme des individus; est-ce la faute de l’enfant s’il se blesse avec le couteau que sa mère a imprudemment laissé entre ses mains? Le peuple bulgare, lors de sa libération, était, lui aussi, politiquement un enfant; il était prohable, sinon inévitable, qu'il ferait des fautes dans les premières années de sa nouvelle existence. »

1. Dans son volume la Bulgarie sous le Prince Ferdinand (Bruxelles, 1908).