Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

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et ils se mirent en quête d’un souverain. Le poste n’était pas très tentant ; le titulaire de la principauté de Bulgarie allait étre soumis à une double servitude : d’une partla suzeraineté officielle, diplomatique, de la Porte, d’autre part la suzeraineté officieuse, mais effective, de la Russie. Le prince Valdemar de Danemark, sur qui on avait d’abord compté, refusa ; le prince Ferdinand de Saxe-Cobourg, alors lieutenant de l’armée austro-hongroise, accepta et fut proclamé par l’assemblée nationale réunie dans l’antique capitale de Trnovo. La Russie se refusa à le reconnaitre et les autres puissances imitèrent son exemple. Le prince, Français par sa mère la princesse Clémentine, fille de LouisPhilippe, connaissait bien nos classiques et sans doute il avait médité les vers célèbres de La Fontoine :

Patience et longueur de temps, Font plus que force ni que rage.

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Arrivé à Sofia, il prit très au sérieux son rôle de souverain constitutionnel et s’appliqua à louvoyer entre les partis. Je disais tout à l'heure que vers 1884 je souhaitais à la Buloarie un bon tyran. La Bulgarie en eutun — était-il bon ? c’est une autre question, — dans la personne d’Etienne Stamboulov qui fut, pendant plusieurs années, premier ministre. C’était un avocat de Trnovo qui, en 1884, devint président de l'assemblée nationale (Sobranié). Quand le prince Alexandre de Battenberg avait cru devoir quitter la Bulgarie, il avait institué un conseil de régence composé de Stamboulov, de son beau-frère le colonel Moutkourov et de Karavelov. Le prince Ferdinand en arrivant au pouvoir dans un pays inconnu, ne pouvait faire autrement que de mettre Stamboulov à la tête du cabinet. Dans ces fonctions Stamboulov se montra fort peu scrupuleux vis-à-vis de ses adversaires, mais en somme il inspira aux Bulgares confiance en