Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

LE ROI FERDINAND 209

moi, ils sentaient fort bien qu'aux instincts anarchiques héréditaires chez les Slaves il fallait opposer un frein vigoureux, imposer un modérateur. Un prince venu de l’étranger était seul capable de planer au-dessus des partis et de les réconcilier. Ils s’adressèrent d’abord au prince Valdemar de Danemark qui, malgré la parenté des Cours de Copenhague et de Saint-Pétersbourg, n’osa point accepter. Ils se tournèrent alors vers un jeune prince dont on leur avait vanlé les mérites, Ferdinand de Saxe-Cobourg-Gotha. Ferdinand - Maximilien - Charles-Léopold -Marie de Cobourg-Gotha, de la branche catholique de cette maison, est né le 26 février 1861 à Vienne. Son père était le prince Auguste, général major dans l’armée autrichienne, morten 1880, sa mère la princesse Clémentine, était fille de LouisPhilippe. Le jeune prince se trouvait donc apparenté aux Maisons royales de Cobourg, d'Angleterre, de Portugal et de France. C'était là, au point de vue du prestige international, des titres de noblesse de nature à impressionner les futurs sujets bulgares et à leur faire espérer des sympathies dont ils pourraient un jour profiter. Le jeune prince avait reçu une éducation distinguée ; il s'était particulièrement intéressé aux sciences naturelles. À l’âge de 18 ans, il avait entrepris, avec son frère Auguste, un voyage au Brésil, voyage dont les résultats, au point de vue des études botaniques, ont été consignés dans le bel ouvrage du chevalier Wawra de Fernsee et du chevalier Beck Ztinera principium Saxoniæ Coburgi (Vienne 1883-1888). Lors du couronnement de l’empereur Alexandre III, le jeune Ferdinand avait représenté la maison de Cobourg à cette cérémonie (août 1883). Puis il avait servi dans l’armée et il était lieutenant de la cavalerie des honveds.

Lorsque les délégués bulgares se présentèrent au jeune prince dans son château d’Ebenthal, ils ne se heurtèrent pas tout d’abord à un refus. Mais le prince répondit qu’il ne pouvait accepter de venir en Bulgarie que comme commissaire turc. Les délégués expliquèrent qu'ils étaient chargés

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