Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

LE ROI FERDINAND 213

Dans cet épisode si imprévu, Machiavel et Voltaire eussent encore trouvé la matière de quelque chapitre piquant, l’un pour son livre Du prince, l’autre pour le Traité dont nous parlions tout à l’heure. La Bulgarie valait bien une messe, comme eût dit l’un des lointains ancêtres du prince Ferdinand, cet Henri IV qui fut d’ailleurs un très bon roi.

Le prince et son épouse entreprirent un voyage en Europe et furent cordialement reçus, notamment à Saint-Pétersbourg et à Paris. La princesse qui était d’une santé délicate et qu'une quatrième grossesse avait beaucoup fatiguée, mourut au début de l’année 1899. Quelques années plus tard, la princesse Clémentine comblée de jours la reJoignit dans la tombe. Le prince resta seul dans son palais jusqu’au jour où il se décida à donner une nouvelle mère à ses enfants. Au mois de mars 1908, il a épousé en secondes noces la princesse Éléonore de Reuss Kæglitz qui, en sa qualité d’infirmière, avait fait avec l'anpée russe la campagne de Mandchourie, et qui a apporté sur le trône de Bulgarie toutes les vertus d’une sœur de charité. La langue russe lui était déjà familière et, sans prétendre faire oublier la regrettée Marie-Louise, la nouvelle princesse, bientôt tsarine, n'a pas tardé à conquérir l’affection et le respect de ses sujets bulgares.

L'histoire des partis et des hommes politiques qui se sont disputé le pouvoir depuis la chute de Stamboulov n’offre guère d'intérêt pour l'étranger. Ce qui est intéressant, c’est le progrès économique et moral de la Bulgarie sous le prince Ferdinand. Ce progrès j'en ai retracé plus haut le tableau.

Dans la politique extérieure de la principauté il faut noter tout d’abord le rapprochement de la Serbie et de la Bulgarie. Les deux États ont tout intérêt à marcher d’° accord, et il est vivement à souhaiter qu'ils restent unis à jamais pour la défense de leurs intérêts communs.

Le prince Ferdinand a eu la bonne fortune de réaliser le grand rêve de son peuple et l'idéal qu'il s'était certainement proposé en acceptant la couronne abandonnée par son prédécesseur. Il a su profiter habilement des récents