Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

UNE EXCURSION A SOFIA

À l’époque où j'ai visité la Bulgarie pour la première fois — en 1883 — elle était encore d’un accès fort difficile. De Tatar Bazarjik dans la partie septentrionale de la Roumélie le chemin de fer allait jusqu’à Constantinople. Mais du Danube à Tatar Bazarjik il fallait recourir aux bons offices de voituriers et à l'hospitalité peu confortable des Aans. Les choses ont bien changé. Aujourd’hui l’Orient-express transporte le touriste en quarante heures de Paris à Sofia en passant par Budapest, Belgrade et Nich. La jeune capitale bulgare est également accessible en chemin de fer par Samovit, Svichtov et Roustchouk sur le Danube.

En 1883, Sofia sortait à peine de la domination turque et comptait environ trente mille habitants. Aujourd’hui la population a dépassé cent mille et l’espace occupé par la ville a quadruplé. Elle peut d’ailleurs s’étendre indéfiniment car elle a autour d’elle une plaine immense.

Cet accroissement rapide a naturellement eu pour conséquence une surélévation subite du prix des terrains et les pauvres diables ne savent plus où se loger. Les cités comme les individus ont des maladies de croissance et Sofia est en train de subir la sienne.

En débarquant à la gare où m'’accueillent des amitiés chaleureuses, j'ai grand’peine à me reconnaitre. Des tramways électriques attendent à la station, des lampadaires électri-