Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

218 SERBES, CROATES ET BULGARES

Au xvr° siècle si l’on en croit les voyageurs, Sofia possédait onze grandes mosquées et cent petites. Une seule reste aujourd’hui consacrée au culte musulman, une autre sert de prison. La plus grande de toutes, un bel édifice en briques rouges, surmontée de neuf coupoles a été affectée au Musée national. Dès mon arrivée à Sofia, le ministre de lInstruction publique M. Bobtchev — un savant jurisconsulte et historien! — avait bien voulu mettre à ma disposition un des fonctionnaires de son ministère, M. Michev, un licencié de notre Sorbonne, qui m'a fait les honneurs des établissements scientifiques. Le Musée a fort bien su mettre à profit les locaux de l’ancienne mosquée. Les antiquités gréco-romaines groupées dans le rez-de-chaussée et dans le jardin qui l’entoure ont déjà provoqué soit en Bulgarie, soit ailleurs de doctes recherches ; ce qui m'a intéressé surtout c’est la partie byzantine et bulgare. On a réuni ici des reproductions de fresques perdues dans des églises peu accessibles et qui donneront lieu quelque jour à de savantes publications.

Jai notamment remarqué celles de l’église de Boïana. Boïana est une petite localité située au flanc du mont Vitoch qui domine Sofia. Elle possède une petite église dédiée à saint Pantaleimon et à saint Nicolas et qui à l’intérieur est presque tout entière recouverte de fresques qui représentent le tsar Constantin Asen et Sebastokrator Kaloïan avec leurs femmes. Par suite de récentes superstructions cette église est à peu près plongée dans une complète obscurité, Mais la houille blanche n’est pas loin et il faut espérer que l’église pourra un de ces jours être dotée de la lumière électrique. Elle possédait autrefois d’intéressants manuscrits qu'un savant russe, Grigorovitch a emportés et qui sont maintenant conservés à Moscou.

Au temps jadis la grande mosquée abritait à la fois le musée, la bibliothèque publique et l'imprimerie nationale. Aujourd’hui elle sufit à peine à contenir les richesses artis-

1. Voir plus haut, p. 168.