Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

UNE EXCURSION A SOFIA 219

tiques et archéologiques qui lui arrivent de tous côtés. La bibliothèque nationale qui possédait naguère 15 000 volumes en compte aujourd'hui plus de 80 000. Elle estinstallée dans un bâtiment somptueux. Parmi les richesses qu’elle possède en dehors des livres et manuscrits slaves, il faut signaler la bibliothèque orientale du célèbre pacha de Viddin, Pasvan Oglou, qui a joué un si grand rôle dans l'histoire intérieure de la Turquie au début du xix° siècle.

II

ÆEn tout pays les antiquités nationales sont essentiellement respectables. Mais chez un peuple qui a subi une si lourde oppression et dormi d’un si long sommeil, elles ont un caractère deux fois sacré.

Si les mosquées ont disparu, en revanche les églises chrétiennes se sont multipliées à Sofia. L'église cathédrale est souvent désignée en français sous le nom d'église de Saint-Kral et les étrangers adoptent volontiers le nom de ce saint imaginaire. Kral est le mot serbe qui veut dire roi. Il faudrait dire en français, l’église du saint Roi. Ce saint roi, ce n’est pas un Bulgare c’est un souverain serbe, Étienne Ouroch Miloutine qui mourut en odeur de sainteté en 1320. Ses restes furent transférés à Sofia dans la seconde moitié du xvr siècle et sont restés l’objet de la dévotion populaire. Ce fou de Milan Obrenovitch pensait peut-être à ce lointain prédécesseur quand il eut l’idée d’annexer Sofia à la Serbie. On sait comment il fut repoussé par Alexandre de Battenberg, refoulé sur son royaume et sauvé d’un désastre complet par l’intervention autrichienne.

Ce n’est pas sans quelque scrupule que j’évoque le souvenir de cette guerre serbo-bulgare, provoquée par un détraqué criminel pour lequel l’histoire ne sera jamais trop sévère. Périsse jusqu’au souvenir de cette lutte fratricide et puisque Sofia possède la relique d’un saint serbe, puisse cette