Souvenirs de Russie 1783-1798 : extraits de journal de Mme Leinhardt

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SOUVENIRS DE RUSSIE 31

outre, 1ls sont fort bien traités, et je crois que le mieux qui pourrait leur arriver serait de rester toujours ici, car Dieu sait quel traitement leur est réservé pour n'avoir pas sauvé une ville à laquelle la Porte mettait tant d'importance. »

2 mai : « A la Cour, on fête aujourd’hui l'anniversaire de l'Impératrice qui accomplit sa soixantième année. On dit qu'il y aura beaucoup d'avancements dans l’armée et des médailles pour tous les soldats qui ont assisté à l'assaut et à la prise d'Ocksakoff. »

Le 17 : « Aujourd'hui nous chantons un Te Deum pour une nouvelle victoire remportée sur les Turcs : 1.500 ont été tués et 1.000 faits prisonniers, avec un séraskier général de la cavalerie qui est pacha à trois queues, avec deux autres pachas. C'est le général Kamonski qui a remporté cet avantage. »

29 août : « Te Deum chanté pour une victoire remportée sur les Turcs par le général Souvaroff, de moitié avec les Autrichiens. L'Impératrice était venue de Czarskoë-Selo à l'église de Kazan pour y assister. »

25 septembre : « On vient de recevoir la nouvelle que les Autrichiens ont pris Belgrade par capitulation. Les Russes sont devant Ackermann qu'ils prendront sûrement, car il paraît que la terreur s'est emparée de l'âme de nos ennemis.

« On m'a raconté ces jours-ci plusieurs traits singuliers du général Souvarolf. Depuis bien des années, il couche toujours avee un coq dont le chant lui sert d'horloge. Quand il est en campagne, il n'ôte jamais ses bottes. Enfin, c'est un vrai démon à la guerre. Lorsqu'il battit les Turcs, de moitié avec le prince de Cobourg, celui-ci voulait les attendre et avait déjà rangé, depuis plusieurs Jours, son armée en ordre de bataille pour les tenter. Les Tures étaient alors fort près d'eux, et, encouragés par cette inaction, l’auraient sûrement attaqué avec cette fureur qui les caractérise quand ils croient avoir affaire à un ennemi plus faible qu'eux. Dès que Souvaroff eut joint le prince avec son corps de troupes, il prit cinq ou six Cosaques avec lui pour aller reconnaître les positions de l'ennemi, et, comme il s'avançait beaucoup, le prince lui envoya un détachement de troupes légères pour le soutenir au cas qu'il fût attaqué: mais 1l le renvoya et s'avança toujours, jusqu'à ce qu'il eût suffisamment observé l'état des choses. En revenant, il dit au prince qu'il fallait attaquer l'ennemi dès que leurs propres troupes auraient pris