Souvenirs de Russie 1783-1798 : extraits de journal de Mme Leinhardt

46 JUGART

commanda la retraite, lorsqu'un boulet chargé à mitraille lui fracassa le genou et tua son aide de camp à côté de lui. Le brave prince ne survéeut qu'un jour à sa blessure. C’est une perte considérable. Il était aussi bon général qu'honnête homme. »

Le 7 : « Tous les jours on part à force et la ville va bientôt rester déserte. Toute la famille Soltikoif part la semaine prochaine pour Vibourg où sera le quartier général. »

Les Russes avaient alors des avantages signalés sur les Suédois dont ils occupaient le territoire.

Le 15 : « La flotte suédoise a attaqué notre escadre qui était à la rade au port de Revel que le duc de Sudermanie se proposait de brûler. Il y a eu un combat dont on ne connait pas encore les détails. Les Suédois se sont retirés après nous-avoir laissé un de leurs vaisseaux entièrement démâté, qu'ils n'ont pu emmener avec eux. » :

Le 16 : « Nos vaisseaux, au nombre de dix, étaient à la rade lorsque toute la flotte suédoise parut à la vue du port de Revel. On avait cependant été averti par un cutter de l’approche des Suédois, de manière que l'amiral Tschitschakoff eut le temps de faire ses dispositions. Le combat dura six heures. Un de leurs vaisseaux a baissé pavillon, deux autres ont touché sur des bancs de sable. L'Impératrice a magnifiquement récompensé l'amiral commandant qui a reçu le grand cordon de Saint-André, une boîte enrichie de brillants avec 3.000 ducats et une terre avec 1.400 paysans. »

Après cet exploit, le Te Deum fut chanté à la cathédrale de Saint-Pétersbourg ; on tira le canon, etc. Les vaisseaux suédois avaient été si maltraités qu'ils durent être reconduits à Sweaborg pour être réparés. Les Russes avaient eu 35 hommes tués ou blessés, les Suédois 60 tués sur le seul vaisseau tombé aux mains des Russes.

Le 21 mai : « Ce matin, la grande escadre est partie de Cronstadt; elle est forte de 17 vaisseaux de ligne, sans parler des frégates. Les Suédois sont toujours en mer; leur intention est, je crois, d'empêcher la jonction de nos flottes. Mais l'amiral Krun est décidé à tenter tout au monde pour forcer le passage. »

Le 26 : « Enfin, l'escadre est partie avec vent favorable à onze heures et demie du matin. Jamais armement plus brillant, 5 vaisseaux de 100 canons! »