Souvenirs de Russie 1783-1798 : extraits de journal de Mme Leinhardt

SOUVENIRS DE RUSSIE 5

L'hôtel du comte Czernichelf à Saint-Pétersbourg était situé sur le canal de la Moïka et près du pont bleu, entre cour et Jardin. Ce jardin était délicieux : beau gazon, joli bois, sentiers ombragés par des genèts, des lilas et d'autres arbustes ; rien n'y manquait. Le comte tenait un grand état de maison. Comme ministre de la marine et général en chef, il avait plusieurs aides de camp et des secrétaires pour sa chancellerie, des sentinelles à la porte de sa cour et de sa maison, toujours deux courriers de l'amirauté à ses ordres dans son antichambre et 24 matelots à son service. À l'arrivée de M'° L. dans cette maison, il n'y avait pas moins de 65 personnes pour le service et #5 chevaux dans les écuries.

Il

L'IMPÉRATRICE CATHERINE II ET SA COUR

La situation du comte Czernicheff à la cour de Russie devait fournir à Mie L. de fréquentes occasions d'entendre parler de Catherine IT, de la voir elle-même et d'assister à des cérémonies, à des fêtes et à des spectacles qui l'intéresseraient vivement. Trois mois à peine après son arrivée à Saint-Pétersbourg, elle eut la satisfaction de se trouver en présence de la souveraine qui, en retournant de Péterhof à Czarskoë-Selo, s'arrêta un jour chez le comte. Tout, dans la maison de campagne, avait été préparé pour recevoir dignement l'Impératrice. Les fleurs les plus belles, les fruits les plus exquis, les rafraichissements les plus variés, en un mot, tout ce qu'il y avait de plus rare et de plus coûteux avait été rassemblé à la hâte. C'était le 16 août 1783. Le lendemain, Mie L. écrit dans son journal : « Le grand jour est passé. A midi, un courrier vint annoncer que l'Impératrice partirait à trois heures de Péterhof. On l’attendait donc à quatre. J'avais eu soin de faire fermer les jalousies du côté du grand chemin pour soir considérer la grande dame à mon aise lorsqu'elle arriverait, car on a*beau se faire tous les raisonnements possibles, à l'approche d'une personne comme elle dont il est ici question, on sent une émotion qu'on ne peut exprimer et je soutiens qu'il n'y a que des êtres incapables de réflexion qui puissent être exempts d'un pareil sentiment à sa