Souvenirs de Russie 1783-1798 : extraits de journal de Mme Leinhardt

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de territoires situées à sa frontière. Ce premier partage fut suivi de quinze années de paix pour l'Europe orientale. Catherine en profita pour travailler au développement intérieur de son empire. Mais, lorsque la Pologne vit la Russie engagée dans une lutte avec la Turquie, elle crut le moment venu de recouvrer son indépendance. Malheureusement il n’y avait pas d'entente entre les partis, et l’un d'eux invoqua même le secours de la Russie. Telle fut la cause du second partage de 1793. Nous glanons dans le Journal de Me L. les détails qui ont trait à cet important événement.

La famille Czernichelf était alors à Pise. A la date du 9 juin 1792, Mie L. écrit: « Nous apprimes hier que la guerre entre la Russie et la Pologne est déclarée. Il faut que les troupes russes soient déjà entrées dans la Pologne, car on dit que les gardes du roi de Pologne ont déjà reçu l’ordre de marcher et que lui-même se met à la tête des troupes. »

Le 13 août. « Les affaires de Pologne se sont arrangées. Le roi consent à tout ce qu’on lui demande et les affaires rentreront dans l’ancien ordre. » Un instant, le roi Stanislas avait paru plein d'enthousiasme pour l'indépendance de sa patrie, mais il ne tarda pas à céder devant les menaces de Catherine. C’est en vain que l’héroïque Kosciusko s'efforca de combattre les oppresseurs de la Pologne, Catherine fut proclamée, parle vieux parti aristocratique, la restauratrice de la liberté polonaise.

A Rome; où Mie L. se trouvait en 1793, elle écrit à la date du 11 février : « Nous avons fait connaissance avec deux familles polonaises. Les Polonais sont cruellement vexés par leurs puissants voisins qui sans cesse leur cherchent noise pour avoir l’occasion de les partager. Aussi l’un d'eux disait : « J'aimerais mieux que nous devinssions tout d’un coup une province russe; du moins la Russie serait dans le cas de nous protéger contre d'autres insultes, car, à présent, nous ne sommes ni à nous-mêmes, ni à personne et chacun fait de nous ce qu'il lui plaît ! » Frédéric IT n'avait-il pas dit « qu'il fallait traiter la Pologne comme un artichaut et la manger feuille par feuille ? Et c'est bien ainsi que cela arrivera. »

Le 3 avril : « Nous avons ici (à Rome) le comte Malacheffski, maréchal de la Diète polonaise, dont les décrets viennent d'être renversés par la faction russe. C'est un homme des plus respectables et sa déclaration publique en quittant la Pologne, aussi simple que