Souvenirs de Russie 1783-1798 : extraits de journal de Mme Leinhardt

SOUVENIRS DÉ RUSSIE 6

répondu quen prétant le serment à sa défunte mère, il lui avait déjà prêté serment, mais qu'il le répétait et qu'il aurait toujours pour lui la même fidélité qu'il avait eue pour l'Impératrice sa mère. Le lendemain, il se rendit au palais pour faire sa cour. On ditqu'il se jeta aux pieds de l’empereur et qu’en le priant de pardonner le passé, il le supplia de lui permettre de finir sés jours à son service. L'empereur lui répondit : « Monsieur le comte, il y a trente-cinq ans que je verse des larmes de sang sur le sort de mon père et j'en répandrai toute ma vie; je souhaite que vous puissiez l'oublier. » Au transport du cercueil de Pierre II, Alexis Orloff eut la charge de porter la couronne depuis le monastère de Neffski. Il s'y était d’abord refusé, mais l’ordre exprès de l’empereur l'y obligea. Bientôt après il fut exilé et resta en exil pendant le règne de Paul I. Lui, pas plus que le prince Bariatinski, ci-devant maréchal de la Cour, la princesse Dashkoff et quelques autres personnes qui avaient concouru au détrônement et à la mort de Pierre INT, ne devait résider à Pétersbourg et à Moscou. Quelques-uns même étaient relégués dans leurs terres.

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Le couronnement de Paul I‘ eut lieu à Moscou, le 17 avril. A la date du 26, M'E I, écrivait : « Tous les yeux sont portés aujourd'hui vers Moscou et sur ce qui s’y passe. L'Impératrice sera de retour ici pour le 8 mai, vieux style, mais l’empereur fera un voyage à Kasan avec l'héritier de la couronne, et toutes les années il se propose de faire un voyage dans une partie de ses États pour voir, par ses propres yeux, l'état des différentes provinces. La Cour passera l'été à Pawloffski, l'automne à Gatchina, et Czarskoëselo sera abandonné comme Péterhot l’a été dans un temps. » A propos de Pawloffski, M'e L. raconte que l'empereur y avait fait élever, sur le plan du château de Bipp, au canton de Berne, un petit fort portant le nom de Marienburg, comme marque du souvenir agréable qu'il conservait de la Suisse.

Le nouveau souverain passait pour agir d’après les principes de Frédéric et de Joseph IT et M! L. prétend qu'il punissait un gentilhomme « de la même manière qu'un pauvre diable », et elle ajoute (1°* septembre) : « ce qui paraît un peu dur après un règne