Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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du reste, que de la mauvaise soupe pour nous soutenir, lorsque nous aurions eu besoin de repos, de vivres et de chaleur pour nous refaire un peu. <

A Vilna, nous fûmes logés chez un pâtissier suisse des Grisons, où nous nous trouvâmes avec plusieurs compatriotes malheureux ou blessés comme nous. Nous comptions y rester jusqu’au lendemain, lorsque, pendant la nuit, on nous fit prévenir que nous pourrions être cosaqués. Nous ne nous le fimes pas dire deux fois, et repartimes tout de suite, Tschudy, Feer, Money et moi.

Après, une heure et demie de marche, nous nous trouvämes au pied d’une montagne, dansun chemin assez étroit, bordé d’un côté par des sapins et de l’autre par des pierres énormes. Le terrain, outre cela, était fort inégal, et, pour terminer ce triste tableau, la route était encombrée d'artillerie, de cavalerie et de fantassins désarmés. Ajoutez encore les voitures et les équipages des généraux, de misérables charrettes et des traineaux chargés d'officiers blessés; vous aurez ainsi le plus triste spectacle qu’il fût possible de voir.

Pour avancer, force fut aux plus intrépides de faire brûler les chariots qui encombraient la

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