Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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compense. Alors il me souleva de mon traineau et me plaça, tant bien que mal, sur sa monture. Lorsque nous eûmes marché quelque temps sur cetie route encombrée, je rencontrai, par bonheur, le brave sergent des voltigeurs de notre régiment Strasser, que je priai en grâce de m’accompagner jusqu'à Kowno, ce à quoi il se décida de la manière la plus dévouée. La route que j’avais à faire était bien pénible. Le cheval que je montais était mal ferré et s’abattait à chaque instant sur la glace, et, par malheur, toujours sur ma jambe blessée, ce qui m’occasionnait des douleurs inouies. Enfin, avec l’aide de Dieu et le secours de mon brave sergent, j'arrivai à Kowno, je fis chercher mon frère et les camarades blessés que j'avais laissés en route ; mais il me fut impossible de les découvrir. Ma contrariété fut très grande, à cette triste nouvelle. J'étais logé chez un Juif, avec une dizaine d’autres officiers blessés comme moi. Dans le nombre se trouvait un commandant, qui me fit donner quelque chose à manger, et m'engagea à faire panser mes blessures sur un mauvais Sopha, qui se trouvait dans la chambre ; c’est ce que je fis moi-même, n'ayant personne qui fût à même de m'aider. Une fois bien pansé