Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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Nous passimes une assez bonne nuit dans cet endroit, et nous décidämes d’acheter le meilleur des chevaux qui nous avaient amenés. Il est vrai que je n'avais pas le sol, mais le sergent Strasser ayant pris part au pillage du trésor militaire, il avait quelques centaines de francs, qu'il partagea irès généreusement avec nous, en répétant ce dicton peu chrétien : « A la guerre comme à la guerre ! »

Le second domestique me demanda la permission de voyager avec nous et d’atteler son cheval auprès du nôtre, ce qui lui fut généreusement accordé.

Tout en continuant notre route, nous nous arrêtâmes à onze heures du matin dans un grand village, où je demandai tout de suite la demeure du chirurgien. Je m'y rendis avec mes gens. Ce jeune homme, nouvellement marié, me reçut on ne peut mieux. Il examina ma blessure, se mit à sonder et à extraire la moitié d’une balle qui s’y trouvait encore. Enfin cet excellent homme me soigna le mieux possible. Je lui demandai s’il voulait échanger mon char contre son traîneau. Il accepta ma proposition, remplit le traîneau de paille, et y joignit une éxcellente peau