Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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de mouton pour préserver mes pieds du froid. Sa femme, compatissante comme lui, me donna un bon et grand mouchoir de coton pour m’envelopper la tête, et une bonne paire de gants de laine. Je payai au chirurgien la somme minime qu'il me demanda pour ses soins généreux, et fis cadeau à sa femme d’une petite épingle en or. Nous primes congé de nos aimables hôtes, et nous arrivâmes à la tombée de la nuit, avec nos nouveaux amis, à Insterbourg.

Deux jours après, nous étions à Künigsberg, où j'avais l'intention de me reposer quelques jours à VPhôpital, et bien mal m'en a pris.

Comme mes deux soldats me transportaient dans la chambre où je devais rester, notre traineau et nos deux chevaux nous furent enlevés, et, malgré toutes les perquisitions que je fis faire, il fut impossible de les retrouver. Nouvelle misère, nouveaux ennuis ! Heureusement que le hasard, ou plutôt le bon Dieu, me fit rencontrer un officier de notre régiment, nommé Dorrer, qui remplissait les fonctions d’officier payeur. Nous nous entendîmes pour partir ensemble. Mon sergent m’acheta quelques vêtements, dont j'avais