Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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Jura, et qui toutes nous annonçaient l’entrée imminente de l’armée française. Je fus assez heureux, dans cette circonstance, pour intervenir auprès du général Ordonneau. Je le trouvai dans les meilleures dispositions. Comme c’était un ancien militaire, qui avait fait une partie des mêmes campagnes que moi, il m’assura qu’il ne descendrait sur les rives du Léman que sur un ordre positif de son général en chef; que, pour le moment, il n’avait pas assez de troupes pour couper l’armée de Bubna, mais que, d’un moment à l’autre, il attendait des ordres pour agir. Pendant tout un jour, mon anxiété fut grande, quoique le général, à ma prière, m'eût assuré qu'en cas d'attaque les propriétés vaudoises seraient respectées. J'avais avec moi une excellente demi-compagnie de carabiniers pour garantir la frontière. Le général Ordonneau avait déjà placé ses vedettes, pour intercepter la grand’route, mais c'était là une précaution fort inutile, puisqu’en cas d’invasion de notre territoire nous avions assez de chemins de traverse pour éviter les sentinelles françaises. Le général fut fort aimable, et vint m’annoncer, un beau matin, qu'il avait reçu l’ordre de ne pas bouger. Je profitai de cette situation pour visiter