Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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où vous me remiîtes l’aigle du régiment, que vous aviez si miraculeusement et si courageusement sauvée. Hé bien! ce jour-là, je me suis conduit comme un lâche, et, au lieu d’avouer que c'était à vous, capitaine, qu'était due cet action d'éclat, je me l’attribuai ! Pardonnez-moi. « Cette croix vous appartient, et je ne la mérite pas. »

Il porta, en même temps, la main sur son cœur, en paraissant vouloir arracher et la croix et le mystère qui, depuis si longtemps, pesait sur sa Conscience.

Par un sentiment que je sus apprécier, il n’était pas décoré quand il vint me voir. Que répondre à un homme qui se repent et avoue ses torts ? Je cherchai à le calmer, car il paraissait dans une très grande exaltation. J'ai toujours présumé que la confession et sa conscience l'avaient amené à faire cet aveu. Je n’ai parlé de cette circonstance à plusieurs de mes amis, que lorsque je sus que M... n’était plus. Cela expliquera à ceux qui liront ces souvenirs pourquoi j'ai dit, dans l’affaire de Polotsk, que les croix d’honneur r’arrivaient pas toujours à leur adresse.

Depuis Polotsk à la Bérésina, et de là à Lauterbourg, notre dépôt, je n’avais plus parlé de nos