Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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mouvements parut faire sur lui une certaine impression ; il était enchanté.

Lorsque je pris congé du duc de Malakoff, et qu’il allait monter sur le bateau à vapeur le Léman, il me donna l’accolade du vieux soldat, en me disant : « À la vieille et à la jeune armée. » Puis, en s’éloignant, il me répéta : « Je ne vous oublierai pas, colonel. »

A peine le Léman fut-il éloigné, que je me repentis de n’avoir pas accompagné le maréchal jusqu’à Genève. Mon ancien chef, M. Gély, ancien inspecteur général des milices, fut plus heureux que moi. Il fut à même de jouir pendant plusieurs heures de l’intéressante conversation du maréchal, qui se plaisait à raconter toutes les péripéties du drame sanglant et glorieux qui eut lieu sous les murs de Sébastopol.

Les dames qui se trouvaient à bord du Léman (c'était une course d’essai) regrettaient que le maréchal ne vint pas leur faire partager ses souvenirs de victoires ; aussi demandérent-elles d’avoir leur part de ces intéressantes narrations. Le duc s’y prêta avec beaucoup de bonne grâce, et se mit à raconter, à la demande des dames, l’héroïque assaut de Malakoff. Dans sa modestie, il

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