Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France
— 455 —
que cet oubli n’est point général en France. Le maréchal Pélissier, duc de Malakoff, que j’eus lhonneur de voir à Lausanne plusieurs fois, pendant son séjour dans cette ville, s’intéressa vivement à tout ce qui concernait les anciens régiments suisses, à mon passé et à mes vieux services. Il a suivi, sur Montbenon, avec le plus grand intérêt, accompagné de M. le président du Conseil d'Etat, le colonel fédéral Ch. Veillon, les exercices de nos recrues. Il ne saisissait pas parfaitement l’école de soldat, surtout pour ce qui tenait au maniement d'armes, et il lui semblait qu’à cet égard l’école française avait dans les mouvements une précision que l’école allemande ne saurait jamais obtenir. Sur ce pojnt, il partageait complétement l'opinion de M. le colonel fédéral Veillon, inspecteur général de nos milices, qui avait pu s’écrier dans le temps avec quelque justesse : « Si ce n’est pas renouvelé des Grecs, … c’est tout au moins renouvelé de Louis XIV! Les ouvrages militaires de cette époque en font foi. » L’étonnement du maréchal fut grand, quand il se fut assuré que nos milices n’avaient alors que trois semaines d'exercice. La précision de leurs