Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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mot, nous étions indignement exploités par de fieffés coquins. Enfin nous partîimes dans les premiers jours de décembre. Après une traversée de douze jours, nous aperçûmes les côtes de France et le cap Finistère; mais, au moment où nous avions cru voir la fin de nos peines, un ouragan nous éloigna des côtes de France, et, après un jour et demi d’angoisses, de douleur morale et physique, nous nous retrouvämes, qui l’aurait jamais cru, sur les côtes du Portugal et en vue de Lisbonne!

Impossible de se faire une idée de notre découragement. Exténués par le mal de mer, mal nourris, et, par-dessus le marché, sans le sou, nous nous retrouvions dans le port maudit où nous avions déjà tant souffert.

Les bâtiments de transport, qui avaient voulu lutter contre l’ouragan, étaient rentrés à Lisbonne désemparés : voiles déchirées et mâts brisés. Que faire dans une si déplorable situation? prendre son mal en patience et s’entr’aider, ou bien répéter, comme le malheureux Candide, que c'est toujours pour le mieux, etc. Il fallut cinquante jours pour réparer nos avaries et faire des vivres,