Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

Ep

car les 159 hommes embarqués sur notre transport demandaient à manger.

Nous repartimes de Lisbonne le14janvier 1809. Le temps étant très favorable, nous arrivàmes pendant la nuit du 20 au 21 janvier dans la baie de Quiberon. Durant le trajet de Lisbonne à la côte de France, nous rencontrâmes deux navires démâtés et abandonnés, dont les équipages, en voulant se sauver, avaient probablement péri.

Arrivés en rade, on croira que toutes nos tribulations étaient terminées : pas le moins du monde! À l’aide de chasse-marée, nous débarquâmes d’abord nos équipages, puis le colonel Segesser et le commandant Delaharpe, accompagnés de sept officiers. (Ils étaient onze à bord et dans la même cabine avec une cinquantaine de soldats.) Enfin les voilà donc à terre!

Quant à moi, ayant promis de rester le dernier à bord, j'étais avec mon ami Prudhomme de Rolle et 110 hommes, en attendant notre tour. Mais ne voilà-t-il pas qu’une tempête éclate tout à coup; horizon s’obscurcit, la nuit devient sombre-et terrible. Chassant sur nos ancres, nous ne savions trop ce que nous allions devenir, lorsque la frégate qui croisait devant la rade envoya quelques