Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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chaloupes à notre secours. Sans cette circonstance, nous nous perdions corps et biens, comme les deux autres transports. On allégea notre navire en le démâtant. Jusqu'au 24 janvier, à 11 heures du matin, jour où put s’affectuer notre débarquement, nous passämes de terribles moments. Jamais, je l’avoue, je n’ai éprouvé une joie plus grande qu'au moment où nous touchâmes la terre. Après avoir passé par les angoisses d’un naufrage imminent, encore mal affermis sur nos jambes, il nous fallut faire sept lieues, dès le premier jour, pour rejoindre notre colonel, à Vannes.

Il s’est passé à bord des faits qui ne sont pas à l'honneur des marins anglais. Avant de quitter les côtes du Portugal, nous avons vu une grande partie de notre bataillon enlevé par la violence. Sous des prétextes futiles, on nous faisait passer d’un navire sur un autre, et, pendant la nuit, une quinzaine d’hommes et quelquefois davantage, armés de pistoléts, montaient à l’abordage, enfermaient les officiers dans leurs cabines et excitaient nos soldats à la révolte. A la suite de moyens si odieux, beaucoup d'hommes disparaissaient. Aussi notre pauvre bataillon, en entrant à Vannes, était-il réduit à 315 hommes, non compris, il est