Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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devoir, étaient aussi propres et aussi brillants que s’ils n’avaient jamais quitté leur garnison, et cependant nous arrivions de la veille, après une marche de nuit.

Un adjudant du général vint nous conduire sur la place du Caroussel. Nous y trouvâmes la garde impériale et deux bataillons de Croates, arrivés, comme nous, de la veille. Je ne crois pas qu’il fût possible de voir quelque chose de plus beau que ce corps d'élite. Il y avait surtout un régiment de la garde hollandaise qui était vraiment magnifique. Tous les régiments défilèrent les uns après les autres. Lorsque notre tour arriva, l’empereur adressa beaucoup de questions à notre colonel. Il parut très satisfait, et promit plusieurs croix à notre régiment. Lorsque notre première compagnie de grenadiers défila devant lui, il s’écria : « Voilà une belle compagnie. » Le capitaine saisit l’à-propos et répondit : « Sire, elle estaussi bonne que belle; je vous en réponds.» L’empereur lui demanda si elle avait déjà fait campagne. Le capitaine lui répondit : « Je n’ai pas un grenadier qui n’ait fait ses preuves de fidélité et de bravoure. »