Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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tion favorite. Souvent mon compatriote, le capitaine Rey, du 1er régiment, m'y accompagnait. A cet éloignement de la patrie suisse, nous aimions à rappeler les souvenirs de nos jeunes années. Allant à l'aventure, dépassant les avant-postes, nous nous exposions quelquefois à être cosaqués. Heureusement que les lances de ces maudits Cosaques nous faisaient réfléchir que la liberté vaut mieux que de mauvais lièvres.

Les mois s'étaient écoulés assez promptement pour nous. Des combats partiels et continus avaient habitué nos hommes au feu, et nous nous attendions d’un moment à l’autre à une action décisive. Le bivouac, avec ses privations, nous convenait peu. Il y avait souvent des dissensions, amenées par nos luttes continuelles d'avant-garde. Un jour, étant à la chasse, je m'étais avancé imprudemment du côté des Russes ; un lièvre passe à portée : je lui envoie un coup de fusil. Cet incident mit la grand'garde et une partie de notre régiment sous les armes. Je fus vertement réprimandé pour avoir enfreint la consigne, et, à la suite de cette circonstance, j’eus le malheur d’avoir une altercation très vive avec le capitaine des grenadiers , Muller, qui ne m'avait jamais