Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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semblé à la hauteur de sa position, et dont le courage et le sang-froid étaient à mes yeux assez problématiques. De propos en propos, il fallut en venir à un duel. Le capitaine Muller était un colosse d’une force herculéenne. Une fois sur le terrain, nous dégaînâmes, et je m’aperçus, dés les premières passes, qu'il m'était impossible de latteindre. L'avantage de sa taille lui permit de me frapper à deux reprises au bras droit; mais, très mal exercé au maniement du sabre, ses coups portaient à plat; de manière que j'en fus quitte pour de faibles contusions, qui engagérent nos témoins à mettre fin au combat.

Je n'aurais point parlé de ce duel, si cet incident n’avait pas eu une grande portée dans l’existence du capitaine Muller et dans la mienne. J’expliquerai comment.

Le mouvement des Russes était tel que nous nous attendions d’un moment à l’autre à une attaque générale sur toute la ligne.

Le 17 octobre 1812, l'ennemi s'était avancé vers nos positions, et, de tous côtés, le feu avait commencé avec plus ou moins de violence. Les Cosaques se montraient partout. Je me souviens qu’à propos de Cosaques, j’eus un mauvais mo-