Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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Polotska. Les Russes s’avançaient de tous les côtés à la fois et nous en vinmes aux mains. Dès le commencement de l’action, je me trouvais au centre, lorsque mon cheval fut atteint d’un boulet de canon en plein poitrail. L’officier qui était derrière moi eut aussi son cheval tué par le même boulet. Je me souviens que ma pauvre monture servit de jalon pour lalignement, et que je fus un peu contrarié de ce début. Mon service était autrement pénible à pied.

L'affaire fut chaude dès les premières heures de la matinée. Le feu de l'infanterie et de l’artillerie russes portait la mort dans nos rangs. Notre colonel comprit que l'attaque à la baïonnette était le moyen le plus prompt et le plus énergique pour reprendre l’avantage. Il ordonna de battre la charge. J’étais à la tête de l’un de nos bataillons ; nous marchons droit à l’ennemi avec une impétuosité telle que nous reprîmes sur lui tout Pavantage qu'il paraissait avoir eu quelques instants auparavant.

Les Russes ne soutenaient point alors une charge à la baïonnette. Ils avaient l’air surpris et décontenancés de ces combats corps à corps, où l’adresse et la force corporelles jouent le premier