Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

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Vous oubliez donc qu’il fallait empêcher que les débris de la grande armée ne trouvassent un tombeau dans la Bérésina ; vous oubliez donc que, à part le régiment de cuirassiers français du colonel Doumerc, les Suisses étaient presque seuls pour tenir tête à l’armée russe. Dans toute la campagne de Russie, c’est le seul souvenir qui lui échappe, et sa plume semble craindre de faire l'éloge des braves qui sont morts sur les champs de bataille de la Russie pour l'honneur du drapeau français. Si ce n’est pas de l’ingratitude, c’est tout au moins un oubli que nous ne saurions nous expliquer. Pour un historien, oublier les services d'anciens alliés, qui, depuis le règne de François Ier, ne cessérent de montrer leur fidélité à la France, et qui, dans les temps modernes, depuis Lisbonne à la Bérésina, prouvèrent qu'ils savaient vaincre et mourir ; les envisager comme les soldats d’un peuple soumis ; ne pas trouver une phrase, une parole de noble sympathie pour les plus anciens alliés de son pays, ce n’est pas écrire l’histoire d’une grande et douloureuse époque, c’est en proscrire des pages héroïques! Mais n’interrompons pas notre sujet, nous au rons encore l’occasion d’y revenir. Le maréchal