Souvenirs des campagnes du lieutenent-colonel Louis Bégos, ancien capitaine-adjudant-major au deuzième régiment suisse au service de France

roi

garde, il déblayait le terrain pour quelques heures.

Enfin nous arrivâmes en vue de Borisow, où nous nous attendions à retrouver l'ennemi en force. Le pont de cette ville, sur la Bérésina, avait êté brûlé, mais nous apercevions facilement les vedettes russes sur la rive droite. Nous établimes notre bivouac près de la Bérésina ; mais ces bivouacs, se trouvant forcément en contact avec la grande armée, nous étaient trop pénibles,

Il était douloureux pour nous, en effet, de voir les débris de cette puissante armée, revenant de Moscou abimée, et, pour ainsi dire, anéantie par les batailles, les privations et le froid. Je ne pouvais m’empêcher de penser à ce qu’elle était en quittant la France, lorsqu'elle traversait la Prusse, en laissant la Pologne, pleine d'énergie et d’espérance. Nous avions souffert, sans doute, mais nous étions arrivés sur les bords de la Bérésina encore pleins d’ardeur et toujours prêts à combattre ; et, tandis que nous étions encore parfaitement organisés, les débris de tous les régiments de la grande armée entouraient notre camp, pressés par la faim, décimés par le froid et les maladies; demandant quelque soulagement à leurs

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