Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

LES THÉATRES DU BOULEVARD. 173

obtinrent l'entreprise non seulement de l’Ambigu, mais des Variétés amusantes, pour la somme totale de 60,000 francs par an. Ils furent, de plus, affranchis de l'obligation de suivre les foires, obligation qui avait pesé d’une

Messieurs, voilà notre compliment. C’est la première fois qu'un théâtre forain offre une pareille scène. Il est certain que le sieur Audinot est le père et le créateur de cette sorte de spectacles. Avant lui, les honnêtes gens n’osoient y aller; ils étoient réservés à la canaille, aux filles, aux libertins; les turlupinades, l'indécence, la crapule y régnoient. Il a monté le sien peu à peu sur un ton plus honnête. Ses confrères se sont piqués d’émulation, et le Boulevard est presque devenu l’école des bonnes mœurs, tandis que les autres théâtres se dégradoient. Ce directeur devroit se retirer fort riche; mais son inconduite l’a fait manger à mesure qu'il gagnoît, et il ne lui reste que de quoi vivre bourgeoisement, ce dont ne se contente pas aujourd’hui le plus mauvais farceur. »

Les Mémoires secrets ont d’ailleurs raconté toutes les phases de la lutte d'Audinot contre Gaillard, Dorfeuille, Parisau. Sous la date du 26 octobre 1785, les continuateurs de Bachaumont annoncent que, grâce à la protection du comte d’Artois et du nouveau lieutenant de police, Audinot va reprendre possession de sa salle de l’'Ambigu sur les boulevards et y monter l'Impromptu du moment, nouveauté, avec une reprise dela célèbre pantomime les Bons et les Méchants, pièce du répertoire de l’'Ambigu qui avait eu tant de vogue que l’Opéra, jaloux de ce succès, avait demandé la suppression de l’ouvrage. Au mois de novembre de la même année, Audinot, associé au sieur Arnould, reprit en effet la direction de son théâtre, à la grande satisfaction du public.

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