Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

MORANDE ET CAGLIOSTRO. 201

Sous un faux nom. Enfant de limposture, Il dit : « Je souis le fils de la nature; Voyez en moi l’innocent Acharat,

Fénix, Anna, le marquis de Harat;

Je fas dou bien, j'ai l’âme caritable;

J'ai le secret de rendre l’or potable.

Je guarris tout avec mon Balsamo;

Ce n’est pas tout, je Suis pourissimo. »

Cagliostro n'était pas homme à perdre contenance et à baisser pavillon devant le libelliste qui, avec son impudence ordinaire, et après en avoir donné au ministère français pour son argent, n'avait pas craint de proposer à Cagliostro de lui vendre le silence du Courrier ‘. Aidé de M° Thilorier, le thaumaturge adressa une « lettre au peuple anglais », qui jetait à La face du Gazetier cuirassé tous les scandales et toutes les hontes de sa vie passée. Morande, éludant à cet égard un débat qui n’aurait pas tourné à son avantage, se contenta de dire, en substance, à son adversaire : « Au lieu de montrer qu'on vous a compté de vilaines histoires sur mon compte, prouvez que vous n'avez pas volé un collier de diamants et une boîte d'or à la dame Fry; prouvez qu'on ne vous a pas convaincu en Russie de port illégal du titre et

r. V. la lettre de Cagliostro à Morande, dans le méro du Courrier de l’Europe, qui porte la d 3 septembre 1786.