Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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12 THEVENEAU DE MORANDE.

« Ce 20 juillet. Le roi est informé et mécontent, Monsieur, de la disposition où vous êtes de vous ‘joindre à son armée. Le refus constant qu’il a cru devoir faire aux instances les plus vives de ce qui le touche de plus près, les suites qu’aura votre exemple ne me laissent que trop voir qu'il n’admettra ni excuse ni indulgence. La peine que j'en ai, m'a déterminée à accepter la commission de vous faire connaître ses intentions qui sont très positives. Il a pensé qu’en vous épargnant la forme sévère d’un ordre, il diminuerait le chagrin de la contradiction, sans retarder votre soumission. Le tems vous prouvera que je n’ai consulté que votre véritable intérêt, et qu’en cette occasion, comme en toute autre, je chercherai toujours, Monsieur, à vous prouver mon sincère attachement.

« MARIE-ANTOINETTE. »

C'était une déclaration de guerre. Le duc de Chartres l’accepta et fut dès lors l’implacable ennemi de Louis XVI et de la reine. Nous n’avons pas à écrire l’histoire de cette scission violente de la famille royale, déjà en butte à tant de haines et de colères; mais nous trouvons une manifestation et comme un résumé des calomnies ou des médisances dont la cour se faisait volontiers une arme contre le duc, dans le pamphlet de Morande auquel nous avons fait plus haut allusion. Il parut à Londres, vers le commencement de 1784, et l'on dit que le