Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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tations. Maïs cetenthousiasme dura peu. Le duc de Chartres était allé rejoindre la flotte à Brest. Ses ennemis et ses envieux profitèrent de son absence pour substituer à la légende héroïque les calomnies les plus outrageantes. D'Orvilliers disait bien haut que, sans les fausses manœuvres de l'escadre commandée par le duc, la victoire eùt été complète. D'autres ajoutaient que non seulement le prince avait été incapable, mais qu'il avait fait preuve d’une extrême lâcheté *. Morande adopte, bien entendu, cette seconde version, et il affirme que pendant le combat le duc de Chartres se tint à fond de cale « entre les bras du comte de Genlis, son tendre ami, lequel, peu accoutumé aux concerts de semblables instruments, faisait avec lui un duo de crainte ». Hâtons-nous d’ajouter que cette accusation ne repose sur aucun fondement. Il est possible que les premiers enthousiasmes des Parisiens aient dépassé la mesure, comme il arrive souvent dans notre

1. Les provinciaux furent plus équitables pour le duc. On peut lire dans l’Espion anglaïs plusieurs couplets où son courage est vanté, entre autres celui-ci, qui a pour auteur un sieur Peziey, de Bordeaux :

D'Orléans qui vient combattre, Faisant pointer ses canons,

Se bat comme un Henri Quatre : C'est l'usage des Bourbons,