Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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Quoi qu'il en soit, les ennemis et les calomniateurs du duc de Chartres avaient réussi à le déconsidérer. A la suite du refus de Louis XVI de lui donner la survivance de la charge de grand amiral, sa situation à la cour devenait presque insoutenable. Les courtisans et leurs femmes ne lui épargnaientaucunehumiliation. Un jour qu'on discutait sur le signalement d’une femme que le duc rangeait dans la catégorie des abominables, M"° de Flesselles, qui avait des raisons de croire que le prince l'avait classée elle-même dans cette catégorie, s’écria

seph d'Orléans, surnommé Égalité. De son côté, l'Espion anglais (dans le chapitre intitulé : Dialogue entre divers fameux nouvellistes du Palais-Royal, au sujet du combat d'Ouessant et de ses suites (t. IX, p. 339), fait dire à un des interlocuteurs : « On a trop exalté le duc de Chartres, et l’on le déprime trop aujourd’hui : on va jusqu’à attaquer sa bravoure personnelle. On dit qu’il avoit une peur du diable, qu’il se faisoit bastinguer de tous côtés, qu’il demandoit force matelots. Moi, j'ai vu une lettre du capitaine de grenadiers de son régiment qui écrivoit : « C’est M. le duc de Chartres qui, avec sa gaieté et sa vivacité ordinaire, a engagé le combat en faisant tirer la première bordée. Il a enchanté tout le monde par sa contenance, pendant qu’il a essuyé le feu de trois vaisseaux anglois dont un à trois ponts. » V. aussi, 1bid., t. IX, p. 43, la lettre de La Motte-Piquet au comte de Genlis. Le brave marin dit que le duc « a donné le plus bel exemple ». Il ajoute : « Je n’oublierai jamais l’air de tranquillité et d'assurance qu’il a eu pendant tout le combat, et combien il nous inspiroit d’ardeur, et à l'équipage. »