Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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au roi de sa résolution de faire un voyage en Italie. Louis XVI, à ce que rapporte le bienveillant Morande, ne retint pas le prince et lui dit : « J'ai un dauphin. Madame peut étre grosse. M. le comte d'Artois a plusieurs princes. Je ne vois pas en quoi vous pouvez étre utile à la patrie : ainsi, partez quand vous voudrez, et que votre retour s'exécute quand bon vous semblera. » Après avoir confié ses enfants à la comtesse de Genlis, le duc prit pour compagnons de voyage le prince de Guéménée et le duc de Fitz-James, puis alla se faire oublier en Italie. Comme trait du Parthe, on décocha encore des couplets satiriques au noble voyageur :

Grâce à Dieu, dans l'Italie

Il est allé voyager :

Mais le peuple ne l’oublie

Et veut toujours en parler. Il le déteste de sorte

Qu'il dit dans son souvenir : « Que le diable l’emporte! C’est notre plus grand désir, »

Morande enregistre tout cela avec délices et remplit en conscience sa tâche de diffamateur vénal. La cour, tout entière à des sentiments de mesquine rancune, ne voyait pas qu’en ayant recours à de tels auxiliaires et en usant