Théveneau de Morande : étude sur le XVIIIe siècle

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THEVENEAU DE MORANDE.

tribution en les menaçant d’une diffamation publique. Mais ces basses manœuvres n'étaient que le coup d’essai d’un véritable maître dans l’art du chantage. Il allait s’attaquer à de plus hauts personnages, et se venger de cette France ingrate qui n'avait récompensé les rares aptitudes d’un de ses enfants que par le pain noir

des prisons !.

1. À côté des rapports de l'inspecteur Marais, combinés avec la version de Manuel, de Bachaumont et de l’auteur anonyme du Diable dans un bénitier, il y a un certain intérêt et quelque justice à placer le récit donné par Th. de Morande lui-même dans sa Réplique à Brissot. 1791. (Extrait de l’Argus patriote.)

« Le précis du Manuel est très exact, écrit Morande, sur l’état de mon père... mais il a lourdement erré Sur tout le reste de ce qu’il appelle mon histoire. » Le pamphlétaire nie avoir brissotté (c’est-à-dire volé) une boîte d’or dans une maison publique. Il avoue avoir été dans sa première jeunesse fort inconsidéré, libertin même, mais pas criminel. À dix-sept ans, il avait terminé ses classes. Un capitaine de dragon, ami de son père, « fut prié, sur la fin de 1759 de l'emmener avec lui », et l’on peutconclure deces expressions de Morande que son père le fit engager de force pour des raisons faciles à deviner. Quoi qu'il en soit, le jeune dragon fut, prétend-il lui-même, blessé à la cuisse à Lipstad et resta six mois à l'hôpital. Après la paix, faite en 1763, il revint chez son père qui le destinait au barreau. Mais Morande préférait le métier de poëte. Dans une rixe avec un militaire, il désarma ce dernier etlui fit une grave blessure. Le père de Morande demanda contre lui une première lettre de cachet à l’intendant